Photo : Vincent Ethier – Pour sa rentrée montréalaise, le ‘Juggernaut Jamaïcain’ Shakeel Phinn 26-3-1, 17 K.-O.) est déterminé à reprendre ce qui lui a autrefois appartenu, et bien plus, face à Erik ‘Bzo’ Bazinyan (32-0, 23 K.-O.).
Fort d’une tournée ontarienne de cinq victoires, Shakeel Phinn effectuera sa rentrée québécoise, le 11 avril prochain. À l’occasion du combat le plus important de sa carrière, il affrontera, « pour l’honneur », l’aspirant mondial Erik Bazinyan au Casino de Montréal avec le titre NABF des poids super-moyens à l’enjeu.
Déjà vu? En partie.
Sa dernière sortie au Québec, en août 2019, était en finale d’un gala dans ce même Casino. Ce soir-là, il avait remporté cette même ceinture NABF. Mais peu après, une pandémie a fait rage, son précédent promoteur a pris le large et son titre fut déclaré vacant. C’est alors que nul autre que son partenaire d’entraînement de longue date, Erik Bazinyan, mit la main sur sa ceinture, en route vers six défenses de titre.
Pour la 7e, revoilà ‘Shak’.
« C’est un retour à la maison pour moi et aussi un des plus gros combats locaux que les fans de boxe ont eus depuis longtemps, alors je suis content de revenir, mais aussi de faire partie de l’histoire », déclare la fierté Brossard naviguant sur une séquence de cinq victoires consécutive depuis sa signature avec le promoteur ontarien United Boxing.
Méfiez-vous du gentleman
Hors du ring, Shakeel Phinn est un modèle exemplaire. Ces entrevues remplies de politesse et de reconnaissance parlent littéralement d’elle-même.
Ne vous laissez toutefois pas endormir par son discours. Une fois dans l’arène, pour reprendre la prose du bon vieux Conor McGregor, il n’est pas là pour prendre part au combat, mais bien pour y prendre le dessus. Connaissant Bazinyan depuis ses tout débuts, il sait même sur quoi miser.
« Je sais que je frappe plus fort, que je suis plus fort, et que j’ai un meilleur cardio que lui. Mon surnom ‘Juggernaut’, on me l’a donné parce que quand je commence, je n’arrête pas et c’est ça qu’on va voir dans le ring », énonce-t-il, confiant.
Oui, classe et confiance peuvent aller ensemble. En conférence de presse, Phinn a bien dit « que le meilleur gagne », mais a aussi lancé « je vais gagner et c’est tout ». Pour citer son adversaire Bazinyan : « ce n’est pas de l’arrogance de croire en soi… »
Vieux footballeur, jeune boxeur
On entend souvent ça, mais la confiance de Shakeel Phinn vient notamment du fait qu’il croit être au sommet de son art à 33 ans. À cet âge, bien des athlètes commencent à ralentir, certains pratiquent leur sport depuis 20 ans, d’autres sont même déjà à la retraite.
Phinn, lui, ne fait que commencer, du moins en tant que boxeur.
« C’est un jeune 33 ans. J’ai commencé à 21, alors je n’ai pas beaucoup de millage. Au départ, je voulais juste m’entraîner pendant l’off-season de football, alors j’ai suivi des cours de boxe et j’ai adoré ça », se souvient l’ancien porteur de ballon étoile des Cavaliers du Collège Champlain, où il étudiait justement le management sportif.
« J’ai fait mon premier sparring après deux semaines. Je me suis fait péter la gueule par un gars de 145 livres pendant que moi j’en pesais 210. C’est là que je me suis dit : ‘okay, je dois y retourner et apprendre ce sport-là.’ »
Six mois plus tard, il effectuait ses débuts chez les amateurs, faisant ensuite le saut chez les professionnels en moins de quatre ans, âgé de 25. Depuis, il dit faire des pas de géant chaque jour, sous la supervision de l’entraîneur Ian MacKillop, laissant présager qu’il en surprendra plus d’un, le 11 avril.
Rhinocéros en liberté
Le 16 février dernier, Eye of the Tiger tenait la conférence de presse qui annonçait l’événement et plusieurs experts ont réagi à la nouvelle.
Laurent Poulin, de Boxingtown Québec, a comparé le style de Phinn à celui d’un « rhinocéros ».
Mathieu Casavant, de Punching Grace, a quant à lui pointé du doigt que le petit ring du Casino de Montréal était souvent à l’avantage du ‘pressure fighter’. On pense aux Makmudov, Mbilli, Ramirez, etc. Seulement, cette fois, l’avantage va au côté B : « Avec un petit ring, Shakeel peut rendre ça compliqué », a-t-il noté.
Le Casino de Montréal aura donc bientôt des airs de Colisée de Rome avec un gladiateur féroce enfermé avec un rhinocéros enragé.
‘Panem et circenses’, comme disait les romains, ou si comme nous vous ne maîtrisez pas le latin : « du pain et des jeux ».
Ça promet.