Photo: Vincent Ethier – Artur Beterbiev lors de sa dernière marche de janvier dernier.
Artur Beterbiev (20-0, 20 K.-O.) affrontera enfin Dmitry Bivol (23-0, 12 K.-O.), samedi prochain, au Kingdom Arena de Riyad. L’enjeu est grand pour le Montréalais d’adoption. Énorme en fait; le gagnant remportera la fameuse «quadruple couronne» et aussi bien dire la gloire éternelle.
Les bookies ont sans doute regardé la performance de Bivol face à Canelo en boucle, car le natif du Kirghizistan est favori à -140 pour remporter son 24e combat. Mais justement, pour citer la vieille promo de George St-Pierre avec Bet99 : «les Québécois comme moi savent»… qu’il n’y a qu’un seul Artur! Cela n’est pas qu’une affaire de fierté nationale. Mondialement, il seul champion à un ratio de K.-O. parfait, et selon son entraîneur, Marc Ramsay, il y a une raison à ça.
«C’est un gars qui donne toujours sa pleine mesure. Je ne peux pas dire qu’il a l’air plus motivé cette fois-ci parce qu’on affronte Bivol. La vérité est qu’à l’entraînement, la motivation d’Artur est toujours à 100%.»
Pas de fameuse promesse du «meilleur camp d’entraînement en carrière ici». Dmitrii Bivol n’aura pas droit à la préparation d’une vie d’Artur, mais bien, à une vie de préparation.
«Le style soviétique»
On parle souvent de la puissance d’Artur, que certains Américains surnomment ‘The KO King’, de la pression, voire l’agressivité qu’il amène dans le ring. Bivol, lui, est bien différent. Ce n’est pas tant que les gens s’attendent à une guerre qui crée l’engouement du combat, mais plutôt de découvrir quel style aura le dessus.
«Bivol est un boxeur extrêmement mécanique. Un gars qui a développé une technique précise, efficace, et qui s’est vraiment spécialisé dans cette technique-là», commente Ramsay.
Si vous allez sur YouTube ou même TikTok, des tonnes de vidéos décortiquent le style de Bivol; de bons mouvements, un bon jeu de pieds, un bon contrôle de la distance, mais surtout une pluie de coups, le tout sans trop se faire toucher. Pas toujours les plus puissants, mais pour la plupart tous extrêmement précis.
Plusieurs appellent même ça «le style soviétique».
La légende raconte qu’Artur Beterbiev compte plus ou moins 300 victoires chez les amateurs, dont certaines contre les Usyk et Kovalev de ce monde. Chaque style varie, et personne n’est Bivol, mais il est clair que le natif du Daghestan ne sera pas étranger à quelconque style «soviétique».
«C’est sûr que c’est quelque chose qu’il a vu bien plus souvent qu’un boxeur d’Amérique du Nord par exemple. On ne s’assoit pas trop là-dessus, parce que Bivol pourrait dire la même affaire, mais Artur en a vu d’autres.»
De l’aide supplémentaire
Pour s’acclimater au combat du 12 octobre prochain, le clan Beterbiev est arrivé à Riyad un peu plus de deux semaines à l’avance. Avec Artur, il y a évidemment Marc Ramsay, ses assistants Luc-Vincent Ouellet ainsi que John Scully, et pour ce combat précis, Nurjpasha Talibov…
Moins connu du lot – du moins au Québec – c’est l’ancien entraîneur russe d’Artur. Ancien n’est pas le bon mot, en fait, car c’est également avec lui qu’Artur effectue la première partie de ses camps d’entraînement – depuis quelques années – dans les montagnes de Russie.
«Un peu comme ce qu’on disait tantôt, on trouvait que ça pouvait être intéressant de l’avoir avec nous, parce que lui aussi, c’est un gars très familier avec le style de Bivol.»
Et à Montréal
De retour en Amérique du Nord, Samuel Décarie-Drolet et Shawn Collinson s’assure que tout se passe rondement à l’Académie de boxe Ramsay, où certains boxeurs comme Moreno Fendero, Jhon Orobio ou encore Mehmet Unal préparent leur retour respectif.
C’est quand même là, sur la rue Jeanne-Mance de Montréal, «sa ville», que le gros de la préparation d’Artur aura été fait. Et pas que celle-là; le triple champion des mi-lourds combattra bientôt dans une 12e ville en 21 combats, mais à tout coup, le succès fut acquis via l’expertise québécoise.
«Je pense qu’on a vraiment prouvé depuis déjà quelques années qu’on était capable de développer des boxeurs. Des boxeurs d’ici, mais aussi d’ailleurs, à cause de l’expertise qu’on a acquis et de l’environnement qu’on offrait», a humblement affirmé Ramsay, créditant aussi les exploits de Stéphan Larouche à cet égard.
En quelques chiffres
Comme Marc Ramsay m’a déjà dit par le passé: «ça prend quand même un cheval de course pour gagner le Derby du Kentucky.»
Alors au final, c’est Artur qui coursera contre Bivol samedi.
Son bilan jusqu’à maintenant:
- 20-0, 20 K.-O.;
- 9-0, 9 K.-O. en championnat du monde;
- 5-0, 5 K.-O. face à d’anciens ou actuels champions mondiaux;
- Olympien des Jeux de Beijing (2008) et Londres (2012);
- Champion mondial amateur (2009);
Et tout ça pour être «un bon boxeur».
À suivre très bientôt, en direct du Royaume.