Photo: Vincent Ethier – La championne WBC Vanessa Lepage-Joanisse (7-1, 2 K.-O.) visitera Détroit, le 28 juillet, pour accueillir Claressa Shields (14-0, 2 K.-O.) chez les poids lourds.
Cinquante-quatre jours séparent l’annonce officielle du combat Shields-Joanisse à son dénouement attendu. C’est donc en plus ou moins 54 jours que Vanessa Lepage-Joanisse tentera de concocter la surprise la plus abracadabrante des dernières années. Il faut compter les jours, car cette fois, chaque jour comptera.
«Une chose que plusieurs gens de ne savent pas. C’est que pour mon combat de championnat du monde, j’ai fait mon camp d’entraînement en travaillant en CPE jusqu’à presque une semaine avant le combat», confie la championne mondiale originaire de Saint-André-Avellin.
Ce n’était déjà pas optimal, mais il y a plus.
Deux semaines avant le combat, elle contracta un streptocoque qui la mise à plat pendant quelques jours et qui faillit faire de même avec son combat. «Stéphane en a parlé. Mais je lui ai dit: ‘aucune chance que tu cancelles mon combat de championnat du monde!’», se remémore-t-elle.
Ce fut ensuite plus compliqué que prévu, mais, le 7 mars, elle eut le meilleur d’Abril Vidal malgré tout et ramena la ceinture verte à Mont-Laurier. En soi, on n’aurait jamais eu besoin de raconter tout ça. Mais alors qu’elle s’apprête à affronter la meilleure boxeuse de tous les temps, on tenait bon de souligner que ‘Vany’ serait à un niveau bien supérieur de la version d’elle-même qui, en soi, est devenue championne du monde.
Tout mettre en place
Maintenant, avec la ‘Greatest Woman of All Time’ (GWOAT) bientôt devant, qu’est-ce qu’elle peut faire de plus?
D’abord, les 54 jours dont on vous parlait plus haut furent voués uniquement à la boxe.
Elle s’est certes «ennuyée de ses cocos» du Centre de la Petite Enfance les vers à choux, mais ceux-ci n’auront que plus de temps pour ajouter deux ceintures à leurs dessins si ça permet à Vanessa Lepage-Joanisse de réaliser l’impensable.
On sait à quel point elle aime son travail. Reste que, scientifiquement parlant, fréquenter moins de «vers à choux», ça donne aussi moins de chances de tomber malade juste avant le combat de sa vie…
Un facteur qui pèse lourd
Est-ce que la «meilleure version» de ‘Vany’ pourra ensuite rivaliser avec quelconque version de la meilleure au monde?
Techniquement non. Mais ce qui rend ce combat intéressant est qu’il n’est pas totalement technique.
Le poids pèsera dans la balance, littéralement.
Le combat sera à 175 lb.
Shields, aussi bonne soit-elle, n’a jamais affronté personne au nord de 168 lb.
Dans sa glorieuse épopée de boxeuse indépendante, Vanessa Lepage-Joanisse n’a affronté rien d’autre que des boxeuses se situant en 180 et 240 lb.
Un «aura» différent
Certains n’ont pas été impressionnés par la différence de tailles entre les deux athlètes, lors du premier face-à-face de juin dernier à Flint, Michigan. Ça en dit quand même long sur l’avantage que Shields a l’habitude d’avoir, à 154 et 160 lb.
Sans cet avantage physique, l’avantage psychologique disparaît.
«Je dis toujours que les face-à-face sont mes moments préférés. Cette fois-là, je crois qu’elle est habituée d’intimider ses adversaires avec ça, mais qu’elle est restée surprise cette fois-ci», affirme celle dont le promoteur adversaire, Dmitry Salita, a lui-même avoué avoir été surpris par le calme olympien de la Québécoise.
«C’est sûr qu’elle représente un plus gros défi, mais encore là, je passe ma vie à relever des défis. Ceux qui connaissent mon histoire savent que ces défis-là, ils étaient plus gros que la boxe», explique-t-elle en poursuivant. La boxe, c’est ce que j’aime le plus faire au monde. Et dans ce sport là, je suis championne du monde, alors je ne vois pas comment je pourrais être intimidée.»
Terre hostile et accueillante
Pour de tout autres raisons, la tournée promotionnelle réservait également une surprise au clan d’Eye of the Tiger.
«Pour de vrai, ç’a m’a vraiment étonné de voir autant de gens – chez elle – me dire qu’ils espéraient que je la batte», narre-t-elle encore saisie, se remémorant ses débuts de carrière, au Nouveau-Brunswick, où tout le monde semblait vouloir lui «arracher la tête».
On peut quand même s’attendre à une foule pro-Shields, au Little Ceasars Arena de Détroit. Mais, au loin, Vanessa Lepage-Joanisse aura aussi une province entière pour la supporter. Concrètement, on peut même parler d’une ville sans se tromper. À 943 kilomètres – si vous prenez les péages – au nord-est du ring où elle montera, tout Mont-Laurier va crier pour elle au Bistro Resto-Pub.
Là-bas, vous ne trouverez personne qui souhaite une victoire de Shields. Et si vous pensez que d’y croire n’y changera rien, rappelez-vous de ceci, lorsque le 54e jour arrivera.
«La victoire est meilleure quand personne ne l’attend.» – James ‘Buster’ Douglas