Photo : Vincent Ethier – Des premières flammèches ont jailli du combat Bazinyan-Phinn, mardi, bien qu’elles ne soient pas nécessairement venues des deux boxeurs.
À moins de 48 heures du choc Bazinyan-Phinn, les billets étaient tous vendus depuis près 70 jours. Ça aurait été facile pour tout le monde d’aller s’asseoir au micro, en conférence de presse, et de mettre le pilote automatique. Quelqu’un à la table n’était toutefois visiblement pas intéressé à faire jouer la cassette.
«Tiens ma bière», a sûrement dit l’entraîneur Ian Mackillop à son protégé Shakeel Phinn avant d’utiliser son allocution pour remettre en question la sinusite d’Erik Bazinyan, raison annoncée du report du gala initialement prévu le 11 avril.
«On m’a dit qu’il avait eu une séance de sparring compliquée et qu’il avait eu besoin de quelques jours de repos. Apparemment, c’était contre un boxeur peu expérimenté… alors imaginez ce que Shakeel va faire, Bazinyan ne passera pas le 8e round», a lancé l’homme de coin du Donnybrook Boxing Gym de Montréal.
«J’en suis pas mal sûr, même, il devrait faire attention, un entraîneur parle un peu trop dans son camp», a redoublé Mackillop quand Camille Estephan lui a demandé s’il le traitait de menteur…
Ça semblait de bonne guerre, mais Régis Lévesque devait regarder de là-haut et être bien fier. On n’était pas obligé, avec les guichets fermés, mais on a «promoté».
Si tu le dis, Ian
Mais qui dit vrai? On ne le saura peut-être jamais et selon l’entraîneur adversaire, Marc Ramsay, qui rejeté l’idée de Mackillop du revers de la main : «ça ne change absolument rien».
«Par expérience, j’ai remarqué que les entraîneurs qui faisaient ce genre de sortie essayaient d’abord de se convaincre eux-mêmes. Alors il peut dire ça si ça l’arrange, mais ça ne change absolument rien à ce qui va se produire jeudi soir», a indiqué Ramsay.
De marbre, Marc Ramsay en a clairement vu d’autre en matière de conférence de presse haute en couleur, pas besoin de vous rappeler toutes ces années dans le coin de Jean Pascal. Et quand la cloche sonnera, si le plan est appliqué, pourquoi s’en faire?
«Il faut toujours faire attention, on connaît les habilités de Shakeel Phinn, mais on croit simplement qu’Erik est meilleur dans à peu près tous les départements», a noté l’entraîneur de ‘Bzo’, voyant un trousseau complet en matière de clés de la victoire.
Des gants magiques?
En plus d’avoir «à peu près tous les départements» de son côté pour vaincre Phinn. Erik Bazinyan aura une arme secrète pour ajouter à son arsenal.
Retournons en octobre dernier, alors qu’Erik Bazinyan s’apprête à affronter Ronald Ellis. L’Américain, fraîchement sorti du camp d’entraînement de Saul Alvarez, se pointe à Montréal avec des gants de la marque No Boxing No Life créé par l’entraîneur de ‘Canelo’. Pour une raison ou une autre, en les essayant, Bazinyan décide de l’imiter et, quelques jours plus tard, d’un peu nulle part, passe un percutant K.-O. à Ellis.
Confort? Superstition? Une chose est sûre, pour une deuxième fois en trois combats, Bazinyan fera confiance à l’entreprise mexicaine. La magie opéra-t-elle de nouveau? En tout cas…
«Le résultat sera le même», a assuré Bazinyan.
Un venin contagieux?
Avec une fiche de 32-0 chez les pros et de 108-1 chez les amateurs, les gants changent, mais le résultat est – presque – toujours le même pour le Lavallois Bazinyan. Comme son promoteur Estephan l’a rappelé, cette défaite était à son baptême de feu amateur. Ce faisant, ‘Bzo’ surfe sur une coquette séquence victorieuse de 140 combats.
Ce dossier impressionne la WBC, WBA, WBO, de l’IBF, du Ring Magazine et de BoxRec, qui voient tous le Québécois comme un des 10 meilleurs super-moyens au monde. Il fait aussi impression auprès de Georges St-Pierre et Bet99 qui voit son auteur comme favori à -525 face à un Shakeel Phinn (26-3-1, 17 K.-O.).
Tout reste possible et notre négligé saura de qui s’inspirer
La semaine dernière, sa partenaire d’entraînement Jessica ‘Cobra’ Camara (13-4, 3 K.-O.) est atterri en Corée du Sud pour surprendre l’anciennement imbattable Hyun Mi Choi (21-1-1, 5 K.-O.). Le venin du Cobra pourrait-il donc être contagieux? C’est meant to be selon ‘Shak’.
«On se l’est dit à son retour à l’aéroport : je suis le prochain!»
Prêchant pour sa paroisse, le directeur général d’EOTTM n’y croit toutefois pas.
«Félicitation, Ian, pour ta victoire dans le coin de Jessica. Tout le Québec en est fier… mais ne t’y habitue pas trop», a indiqué Antonin Décarie.
Tous à bord!
Heureusement, Shak et Ian ont également leurs supporters pour remonter le courant. Un autre habitué du Donnybrook, le populaire combattant d’arts martiaux mixtes québécois Charles ‘Air’ Jourdain était d’ailleurs présent au Casino pour prédire une victoire de son ami. Disant l’avoir vu en sparring, le «Roi des Pirates» a même assuré que cela ne se ferait pas K.-O.
Est-il impartial? Sûrement pas. Tout comme, Antonin Décarie ou Ian Mackillop, mais on s’en fiche, mardi, tout le monde a «promoté», et c’était drôlement divertissant. Le combat Bazinyan-Phinn le sera-t-il autant? Si Bazinyan a les ‘skills’ qu’on nous vend : non. Si Shakeel Phinn est aussi «fort» qu’un ‘juggernaut’ comme il le prétend : oui. L’entre-deux est un peu plus nébuleux, mais au moins on aura les réponses moins de deux jours.
D’ici-là, avec des gants magiques ou du venin de cobra d’impliqués, on peut rêver à ce qu’on veut comme dénouement de Bazinyan-Phinn. Mais, selon Anson Wainwright du Ring Magazine, Camille Estephan, lui, rêve plutôt déjà d’un combat Bazinyan-Pacheco…